VIVIAN MAIER




 

 

 

 

 

 

Le film 

LA PHOTOGRAPHIE de A à Z,  LES GRANDS PHOTOGRAPHES

"A la recherche de Vivian Maier" : de Charlie Siskel et John Maloof (Etats-Unis) – 1h24 - Sortie le 2 juillet 2014
Enquête autour d'une photographe amateur , nounou au Rolleiflex morte en 2009 dans la misère,   femme photographe mystérieuse qui photographié toute sa vie sans jamais publier ni montrer ses images, 120 000 négatifs !acquis aux enchères par  Jon Maloof qui dans ce film rencontre ceux qui l'on connue ,  à voir ce film qui mène l'enquête 



John Maloof se met en scène comme promoteur de la photographe morte en 2009, que les collectionneurs s’arrachent aujourd’hui.




La vie de Vivian Maier (1926-2009) n’a rien d’un conte de fées, mais personne ne peut affirmer qu’elle fut une tragédie. John Maloof - qui en fut, pour ainsi dire, le révélateur - a choisi ce ton au lyrisme dynamique qu’affectionnent les Américains lorsqu’il s’agit de mettre en scène une histoire énigmatique à multiples rebondissements, et qui s’appuie sur une réalité fragile, peu de témoins, beaucoup d’ombres. En s’attribuant le rôle principal dans le film coréalisé avec Charlie Siskel, A la recherche de Vivian Maier, John Maloof s’essaie à prouver qu’il a fait le meilleur choix. Il n’avait pas l’intention de garder pour lui l’aventure singulière de cette inconnue, et il lui fallait, un peu comme s’il avait entendu sa voix d’outre-tombe, lui rendre l’hommage qu’elle méritait, c’est-à-dire «la faire entrer dans les livres d’histoire [de la photographie]».



















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«Beaux». Tout commence à Chicago, à l’hiver 2007, lors d’une salle de vente aux enchères. Ce fils de brocanteurs achète un carton rempli de négatifs pour 380 dollars. Qu’il range d’abord dans un placard, puisque aucune image ne lui paraît utile pour son livre sur un quartier de Chicago. Comme il trouve «beaux» les négatifs déjà examinés, il crée un blog et publie 200 photos prises par cette femme nommée Vivian Maier. Gros succès. Doublé d’un coup de dés puisqu’il apprend sa mort, en 2009, via Google. John Maloof a enfin une piste. Après avoir racheté tout ce qu’il pouvait, il se retrouve à la tête d’un butin : 100 000 négatifs, 700 rouleaux de pellicule couleur et 2 000 rouleaux de pellicule noir et blanc non développés. Sans compter les affaires personnelles, papiers divers, vêtements, objets, et même des films en 8 mm et 16 mm. Si le Museum of Modern Art de New York (MoMA), par exemple, avait accepté d’archiver ce trésor posthume, nul doute que Maloof aurait lâché l’affaire, mais les institutions préfèrent choisir elles-mêmes leurs héros.





Voici donc John Maloof partant sur les traces de Miss Maier, tel un somnambule dans la nuit, puis s’appuyant sur les témoignages de ceux qui l’ont rencontrée. Qui était Vivian Maier ? Une gouvernante, passionnée de photographie, si obsédée qu’elle ne quittait pas son Rolleiflex. Une intrépide, capable de faire le tour du monde en solitaire. Une originale, qui vivait au milieu de piles de journaux, qu’elle vénérait. C’est probablement la partie la plus passionnante du film, les déclarations de ses employeurs ou des enfants qu’elle a gardés, tous se contredisant en permanence, comme si elle n’était que duplicité. «Elle ressemblait à la méchante sorcière de l’Ouest» ; «Elle adorait les enfants et les enfants l’adoraient» ; «Elle aimait m’humilier, elle nous abandonnait» ; «Elle était méchante, tout simplement» ; «C’était une enquiquineuse» ; «Elle avait une conscience politique et sociale de son époque» ; «Elle aimait les histoires qui témoignaient de la folie des gens.»

Au fur et à mesure que l’enquête avance, la femme au Rolleiflex devient sympathique, y compris lorsqu’elle tourmente les kids en les emmenant dans des quartiers pouilleux. La baby-sitter a un grain, ça ne fait aucun doute, mais quel talent, c’est une virtuose de l’objectif ! Mélange d’humour et de férocité, de générosité et de colère, elle flashe sur les rues de Chicago, dont elle montre souvent l’envers du décor. Elle n’a pas ce regard contrit qu’ont parfois les reporters des années 50, personne ne lui fait peur, elle s’en donne à cœur joie, y compris dans l’autoportrait pratiqué malicieusement. Après Chicago, New York et Little Falls, le film fait un tour en France, dans la vallée du Champsaur, dans les Alpes, là où est née sa mère, Maria Jaussaud. Le dernier de ses cousins l’évoque, la larme à l’œil, nous aussi, vive la France !

Nounou.A la recherche de Vivian Maier pose, en filigrane, de nombreuses questions, notamment sur la valeur d’une œuvre posthume non agréée par les institutions, mais encensée par le marché. Les tirages de Vivian Maier s’arrachent ; les collectionneurs craquent ; le public plébiscite la nounou au Rolleiflex (1). La renaissance de Vivian Maier, quasiment acquise, il serait temps de passer à l’étape suivante, un portrait de Maier sans son géniteur. C’est cruel ? John Maloof a prouvé qu’il était capable de lui donner vie. Il doit maintenant lui offrir la liberté.

(1) Exposition à la galerie Frédéric Moisan, 75006 (01 49 26 95 44), et aux Douches-la Galerie, 75010 (09 54 66 68 85), jusqu’au 2 août.
Brigitte OLLIER


La photographe Vivian Maier, entre mystère et surexposition

Cinéma | Charlie Siskel, coréalisateur d'“A la recherche de Vivian Maier”, revient sur les questions que posent la mise au jour de la vie et l'exploitation de l'œuvre d'une artiste qui avait fait le choix de l'anonymat.

Le 02/07/2014 à 17h00
Frédéric Strauss

Née à New York en 1926, Vivian Maier mourut à Chicago en 2009, dans l’anonymat. Avant de ressortir de l’oubli, quand ce qui avait été sa double vie éclata au grand jour : la nourrice Vivian Maier, vivant dans l’ombre des familles qui l’employaient à Chicago, cachait une photographe de génie. Cette histoire, qu’on vous a déjà racontée dans Télérama, est aujourd’hui l’objet d’un documentaire coréalisé par John Maloof, qui découvrit les photos de Vivian Maier, et Charlie Siskel. C’est ce dernier que nous avons rencontré pour prolonger la vision de ce film passionnant mais qui, comme toute l’histoire de la si curieuse et si secrète photographe, soulève beaucoup de questions. Ce que le titre annonce clairement : partons donc A la recherche de Vivian Maier…

Etait-il délicat de faire un film sur quelqu’un d’aussi secret que Vivan Maier ?
Oui, cela oblige à se demander ce que cela représente d’entrer dans une vie qui se voulait si protégée. C’est un questionnement qui nous a toujours accompagnés, John Maloof et moi, même une fois prise la décision de montrer le travail de Vivian Maier. On a découvert, comme on le voit dans le film, qu’elle n’était peut-être pas si secrète que ça, qu’elle avait conscience de sa valeur en tant que photographe et qu’elle a pu avoir l’idée d’exposer ses photos, même si cela ne s’est pas fait.

Est-il possible de savoir de façon certaine la vérité sur Vivian Maier ?
En tant que cinéaste, et en tant que spectateur aussi, on doit garder un œil critique sur tout ce qu’on découvre la concernant : nous écoutons ceux qui l’ont connue, et qui ont souvent été ses employeurs, les liens sont complexes, la vérité n’est pas forcément là tout le temps. D’ailleurs, on voit dans le film que des gens se contredisent. Quelqu’un dit que l’accent français de Vivian Meier était faux, quelqu’un d’autre dit que c’était un véritable accent français. Quelqu’un dit qu’elle faisait poser les gens dans la rue, quelqu’un d’autre affirme qu’elle prenait les photos sans rien demander. Il faut suivre cela un peu comme si l’on était dans un jury, pendant un procès, se forger sa propre conviction.

Le fait que sa situation ait été si atypique – nourrice et grande photographe – a-t-il pu engendrer un préjugé contre elle, en tout cas une difficulté à la comprendre ?
Il y avait assurément, du vivant de Vivian Meier, un préjugé contre les femmes artistes. Les barrières entourant le monde de l’art étaient plus difficiles à franchir pour elles. Mais aujourd’hui, je ne crois pas que Vivian soit plus difficilement considérée comme une artiste parce qu’elle était une femme et travaillait comme nourrice. Elle n’était pas une nourrice à qui il arrivait de prendre de belles photos, mais une grande photographe qui avait choisi ce métier de nourrice parce qu’il lui permettait de sortir dans la rue, de regarder le monde et de le photographier.

Comment avez-vous réagi en découvrant qu’elle avait sans doute maltraité certains enfants dont elle avait la charge ?
C’était troublant. Mais on ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Là encore, c’est à chacun de décider jusqu’où va cette vérité, dont nous n’avons que certains indices. Bien sûr, si j’avais estimé que cette image d’une Vivian Meier parfois difficile avec les enfants était complètement fausse et fabriquée, je n’y aurais en aucun cas donné accès à travers ce film. Je reconnais donc clairement une réalité mais je ne peux la cerner totalement. Il faut souligner que les enfants dont elle s’est occupée, y compris la femme qui a vécu à cause d’elle des moments spécialement durs, sont tous très loin de garder un ressentiment absolu. L’impression générale que j’ai eue, et qui je l’espère passe dans le film, est que Vivian a, de toute façon, laissé un souvenir tendre aux enfants dont elle s’est occupée. Elle les a aidés et a rendu leur vie meilleure. Les défauts de Vivian ne peuvent éclipser son art, ni même la personne qu’elle était par ailleurs. Vivian était une femme sociable, spirituelle, cultivée, elle allait beaucoup au cinéma, elle était bavarde, elle avait une compréhension intuitive des gens, cela se voit à travers ses photos. Elle était sans aucun doute une personne fascinante et on ne peut que regretter de ne pas l’avoir rencontrée.


On s’étonne de ne pas voir dans le film les deux garçons dont on entend beaucoup parler parce qu’ils avaient été sous sa garde très jeunes et l’ont aidée, longtemps après, à la fin de sa vie.
Bien sûr, nous aurions aimé qu’ils s’expriment dans le film. Nous les avons d’ailleurs interviewés, et leurs parents aussi. Malheureusement, ils nous ont finalement demandé de ne pas figurer dans notre documentaire. Cette famille, les Gensburg, est la première qui a engagé Vivian Meier, à Chicago, et ce sont les premières personnes dont John Maloof a retrouvé la trace, comme on le voit dans le film. Ce sont eux qui ont conduit John jusqu’aux casiers où Vivian gardait ses photos. La famille payait pour la location de ces casiers, sans savoir que Vivian en louait d’autres pour lesquels elle payait elle-même. Quand elle s’est retrouvée à l’hôpital, elle n’a pas pu continuer à régler ces locations et c’est ainsi que les premières boîtes de photos ont été vendues aux enchères, après l’ouverture des casiers par le loueur. En achetant ces boîtes, John a retrouvé la trace de la famille Gensburg. C’était le tout début de cette découverte, John était tout simplement un garçon qui montrait de la curiosité pour de vieilles photos et c’était sympathique, sans conséquence. Le talent qu’ont révélé ces photos a tout changé. Les Gensburg ont ensuite été sollicités de partout par les journalistes. Ils ont d’abord dit oui. Mais quand les demandes se sont multipliées au point d’envahir leur vie, ils ont simplement décidé de tout arrêter. Pour être honnête, je dois dire que leur décision vient aussi de leur sentiment que Vivian n’aurait pas voulu que les choses se passent comme ça. Par ailleurs, j’ai compris que, même si l’aide des Gensburg fut décisive pour Vivian, leurs rapports n’étaient pas forcément étroits.


Pourquoi n’avoir pas davantage mené l’enquête sur la partie française de la vie de Vivian Maier et l’histoire de sa mère ?
Ce film ne prétend pas présenter tous les faits liés à la vie de Vivian. On donne beaucoup d’informations, on explique que sa mère était française et elle-même photographe, on sait qu’il y avait un conflit dans cette famille, mais la nature exacte du problème n’a pas pu être éclaircie. Nous avons gardé les éléments qui aident à raconter l’histoire de Vivian en tant qu’artiste. Nous avons appris d’autres choses sur sa vie en faisant ce film. Par exemple, le fait que Vivian et sa mère ont vécu pendant un certain temps chez une femme photographe, Jeanne Bertrand, qui réalisait des portraits. Nous ne l’avons pas gardé dans le film car Vivian n’avait alors que 4 ans, et même si elles sont apparemment restées avec cette femme photographe quelques années, cela n’explique pas le talent de Vivian, qui était une photographe de rue, et non de portraits. Il ne s’agissait pas de faire une biographie dans le genre de ces énormes pavés qu’on consacre aux personnages historiques. Lire l’histoire de Vivian Meier en quatre volumes, ça ne m’intéresse pas, et l’écrire, ça m’intéresse encore moins. Pour moi, la force de cette histoire est d’être celle d’une artiste qui a failli être perdue. C’est la découverte de ses photos, et de leur valeur, qui a permis a sa vie de sortir de l’oubli et d’être partagée par d’autres après sa mort. Tout passe par ses photos.

L’argent que rapportent les photos de Vivian Maier était-il un autre aspect délicat à aborder ?
Absolument. C’est une des choses les plus regrettables, que Vivian n’ait jamais eu les retombées de son travail pendant sa vie. Elle se souciait sans doute peu de la gloire mais elle aurait apprécié la reconnaissance des autres artistes, et l’argent l’aurait aidée. Ses photos inspirent aujourd’hui les gens et captivent les photographes. L’histoire ne se termine donc pas de manière tragique mais, au contraire, par une forme de rédemption. Vendre des tirages est ce qui permet de faire connaître le travail de Vivian, comme nous l’expliquons dans le film. Beaucoup de photos restent à découvrir, à développer, et pour cela il faut vendre de nouveaux tirages. John Maloof a choisi de travailler avec la Galerie Howard Greenberg, qui est la première internationalement dans le domaine de la photographie de rue, pour que les photos de Vivian soient entourées des meilleurs soins. Cela a un coût aussi puisque la galerie prend la moitié des ventes. Mais on ne parle pas de baskets Nike ! La vente des photos, c’est un petit monde. Enfin, nous avons créé une bourse d’études Vivian Meier, qui aidera chaque année une étudiante, une jeune femme donc, à la School of the Art Institute de Chicago. Cela fera désormais partie de l’héritage de Vivian. Là encore, qui peut dire si elle aurait approuvé cette démarche ? J’aime penser que oui.
Revoir le portfolio “Vivian Maier : une photographe enfin révélée”, publié en octobre 2013 sur Télérama.fr :


francetvinfo


Synopsis : En 2007, alors que John Maloof cherchait des documents photographiques sur un quartier de Chicago, il achète pour 380 dollars un lot comprenant des tas de négatifs. Il ne trouve rien qui intéresse son enquête et met les photos de côté, mais il finit par se rendre compte de leur qualité et se met à les scanner. Il en publie 200 sur internet et obtient de nombreux retours lui confirment qu'il a acquis un trésor.

Parmi ces images figurent des portraits d'enfants, des portraits de rue consentis (de pauvres ou d'exclus) ou volés (dames en manteau de fourrure agacées d'être surprises par le Rolleiflex de la photographe). Et des autoportraits fascinants où son reflet se démultiplie dans des miroirs, où son ombre se projette dans l'espace.


John Maloof connaît le nom de la photographe mais ne trouve aucune information sur elle, jusqu’à la publication de son avis de décès en 2009. Il va découvrir alors que Vivian Maier, née en 1929 à New York, s'était occupée d'enfants toute sa vie et n'avait jamais montré ses photos.

John Maloof se passionne pour cette femme mystérieuse et cherche à savoir qui elle était, en rencontrant ceux qui l'ont connue, notamment les enfants dont elle s'est occupée. C'est cette enquête qu'il raconte dans le film.

Très vite, les photos de Vivian Maier suscitent l’intérêt du public. John Maloof demande au MoMA de l'aider et essuye un refus. Mais en 2011 il arrive à organiser une exposition au Cultural Center de Chicago, où la foule se presse. A ce moment-là, "l’histoire a décollé", raconte-t-il.


Une femme mystérieuse, excentrique, secrète
Le jeune homme, visiblement pris de passion pour la photographe, cherche alors à savoir qui elle est. Elle gardait tout et grâce aux factures des studios qui développaient ses photos, où figurent des adresses, il réussit à contacter ses anciens employeurs, chez qui elle logeait.

"Paradoxale", "mystérieuse", "excentrique", "secrète", "audacieuse", voici quelques-uns des qualificatifs qu’ils lui attribuent.

Ils vont dresser un portrait en pointillé. Car le personnage, qui se promène toujours avec son Rolleiflex en bandoulière, caché dans de grands manteaux et des chemises d’hommes, garde une part de mystère. La première chose qu'elle demandait, quand elle s’installait dans une nouvelle famille, c’était un verrou pour sa chambre, où elle empilait des centaines de journaux et des tas de boîtes.

Vivian Maier gardait tout. On a retrouvé ces documents dans les caisses vendues aux enchères



Des témoignages de ceux qui l'ont connue
Ceux qui l’ont côtoyée enfants racontent leurs promenades dans la ville. L’un est marqué par son intérêt étrange pour des mannequins nus dans des vitrines, une autre par une promenade près d’un abattoir.

Quand elle était jeune, il semblerait que les enfants aient été séduits par sa fantaisie. Mais à la fin de sa vie, elle était sans doute fatiguée de ce travail qu’elle n'avait pas choisi par intérêt pour les enfants mais pour avoir la liberté d’être dehors et de faire des photos. Les témoignages évoquent alors une personne solitaire à la limite de la pathologie psychiatrique, qui pouvait être assez désagréable.

Visiblement, à l’époque, personne n’avait conscience de son talent et il est assez amusant d'entendre les regrets posthumes de ceux qui l’ont côtoyée : une ancienne employeuse s'en veut de l’avoir remerciée, parce qu’elle la trouvait trop dérangée. Une femme qui dit avoir été une de ses seules amies déplore qu'elles ne soient pas restées en contact.


Un talent aujourd'hui reconnu
Aujourd'hui, Vivian Maier est reconnue comme une grande photographe. Dans le film, Joel Meyerowitz évoque l'enchantement qu'il ressent face à ses photos. Elles l'ont immédiatement frappé, dit-il, soulignant son sens du cadrage et de la lumière. Le photographe américain s'interroge aussi sur le mystère Vivian Maier : pourquoi n’est-elle pas devenue une photographe célèbre de son vivant, alors qu'elle avait selon lui un véritable œil d'artiste ?

L'histoire est extraordinaire, ce qui suffit à rendre le film passionnant. Et l'enthousiasme de John Maloof, complètement engagé dans la promotion de l'œuvre de cette mystérieuse inconnue, est extrêmement sympathique. Mais il ne faut pas oublier que l'histoire de Vivian Maier est aussi une histoire commerciale. Des tirages de ses photos se vendent maintenant dans les galeries du monde entier. Et on ne peut s'empêcher de se dire qu'avec ce film, le collectionneur fait la promotion de sa propre collection.

Qui plus est la collection de quelqu'un qui n'a jamais montré ses photos. Certains négatifs n'ont même jamais été développés. Voulait-elle que son travail soit connu, peut-on se demander.

Deux collections, deux documentaires
Quand les affaires de Vivian Maier, stockées dans un garde-meuble dont elle ne pouvait plus payer le loyer, ont été dispersées, elles ont été achetées par une demi-douzaine de personnes. John Maloof a cherché à en racheter un maximum mais un autre collectionneur, Jeffrey Goldstein, revendique 19.000 négatifs soit environ un sixième du total.

Tout comme d'autres témoins importants, il est absent du documentaire. Il faudrait voir en contrepoint le film de la BBC, "Who Took Nanny's Pictures ?" (Qui a pris les photos de la nounou ?), qui leur donne la parole. Et, de toute façon, on n'arrivera sans doute jamais à réellement percer le mystère de la personnalité de cette grande photographe découverte après sa mort.


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